Maître Corbeau
Maître Corbeau sur un arbre perché m’entend râler.
– Que dis-tu, dit-il ?
– Of rien, dis-je !
– Mais à quoi bon de râler, dit-il ?
– Of rien, dis-je !
– Mais à quoi bon de rien, dit-il ?
– Of rien de rien, dis-je !
– Rien n’est rien et rien est tout
Prends garde à son sens et son contraire.
Contraire d’un sens, sens à l’envers, sens à l’inverse et verse tes sens,
Sens d’une vie, d’une fois, d’une sensation,
Ta sensation à toi survit et s’étend,
Elle gagne le temps, se répand, se distend.
Qui se détend, toi ou la colère, dit-il ?
– Eh bien ! Les deux, répondis-je !
– À quoi bon, tu ne sais rien de rien et tu râles !
À quoi bon, râle pour quelque chose,
Offusque-toi de l’injustice !
Mais de rien ! Qu’est-ce que le rien, dit-il ?
Maître Corbeau perché sur un arbre,
Attend sa revanche, revanche de vie,
Revanche de frustration oubliée, n’est-ce rien ?
Eh bien ! Rien de rien,
Le temps et l’oubli se passent
Mais l’égo ne s’y lasse guère
Contraint à l’oubli,
Rétrécit son champ pour l’instant,
Mais ne s’en laisse compter
Te resservira l’oubli à quelques moments sans bruit.
– Alors, dit le corbeau ? Que fais-tu ?
Râles-tu toujours à l’oubli ? à ton oubli ?
Est-ce utile à ta vie ?
Que l’encombres-tu, d’oublis ou de vivants ?
Choisis et qui rira, verra
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Se verra tout court.
Dans mes yeux surpris du discours,
Du rappel, rappel à l’ordre, rappel à moi,
Rappel en dedans, rappel frustrant.
– Frustrant, dit-il, n’est-ce pas ?
Ce rappel encombrant qui teinte l’oubli sans y conter mais y rester.
– Que dis-tu, dit-il ?
– Of rien, l’instant se passe et trépasse afin de s’ouvrir au levant,
Au levant d’une vie sans toise de l’oubli, dis-je !
– Que dis-tu, dit-il ?
– À ce que je vois, j’entends les trépas des confins des monts enneigés
Se disloquer en un flux de lumière,
Lumière croissant dans la conscience du moi,
De mes gestes, de mes pensées.
Et là, il sourit.
©Pascale2020Juillet
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