Devenir à Venir

Mitsi m’interpelle sur les « nouvelles » à la télévision :

– Que regardes-tu ?

– Les supers bonnes nouvelles du jour, dis-je ?

– M’oui soit, mais ton avenir ? Répond Mitsi,

– Oh mon avenir, je l’imagine fort bien mais pas du tout dans les clichés que l’on veut bien nous vendre. Et toi ? Que souhaites-tu ?

Mitsi incline la tête et me répond :

– Les animaux ont des rêves simples, non complexes comme un humain. S’attarder sur le devenir du monde ou de ma propre personne, n’a pas de sens. Il s’agit plus de savoir de devenir ou de venir.

– La subtilité est forte, Mitsi. Mais je suppose que ce sens n’est pas le même pour vous que pour nous.

– Très juste, Maîtresse. Le devenir pour nous n’est point de nous transformer d’un état en un autre, mais de venir à la rencontre est le chemin de notre âme.

Et moi de lui répondre :

– Tu laisses une grande place à la découverte,

– Je peux te répondre aussi par : c’est passer de l’avenir en partir mais partir de quoi d’un état ou d’une cause ? Le tout se fait sous le contrôle du soi qui lui n’est pas au présent mais est un ensemble d’états ou d’expériences (pour un humain) et non de la vérité de l’expérience. Tu me suis ? Me demande Mitsi,

– Oui à peu près. Mais tout être est expérience multiple, comment ne pas s’y référencer ?

– La référence, intervient Musca, est ce que tu fais de ton expérience, de la vivre, de la comprendre, d’en prendre son essence et d’intégrer la quintessence. Non point d’y revenir et de la mâchouiller comme une vieille peau sans goût, ou plutôt si, avec un goût de ronce à ne pas y revenir. Mais l’humain étant tenace, …

– Oui je comprends la suite, dis-je en souriant,

– C’est pourtant simple, poursuit Musca, une expérience bonne ou mauvaise est.

C’est de venir à l’expérience qui fait de toi ce que tu es et t’enrichit. C’est de la traverser comme on traverse une averse ou une pluie. Tout est relatif en fonction de l’expérience de la rencontre avec cette pluie. Mais cette pluie ne dure qu’un instant, puis reviendra à un autre moment, puis à un autre, encore et encore. Pour nous chaque pluie est différente, passant d’un venir à la pluie pour devenir la pluie. Là est tout la subtilité de l’expérience.

– En effet, là c’est beaucoup plus clair, merci les chats !

Mitsi et Musca ©2021juilletaoût

Contrariété

Je vis au cœur du vent, qui suis-je ?

Je vis au cœur de la tempête, qui suis-je ?

Je vis au cœur des fleurs, qui suis-je ?

Je vis en ton cœur, qui suis-je ?

De guerre lasse, je me suis arrêté au creux d’un nid de bois

Entouré de brumes et de bruyères

L’arbre m’accueillit pour me reposer,

Je suis d’ici et d’ailleurs

Je suis ici depuis tant de temps

Je fais ma route à travers tes siècles, à travers tes vies

Moi qu’il te semble très peu me connaître ou si peu

Et pourtant, je t’accompagne chaque jour sur ton chemin

Toi qui erre dans la solitude des villes

Toi qui te perd dans tes vies mornes

Vient me retrouver mon ami,

Nous qui sommes amis depuis tant d’années

Je sais que nous allons enfin nous retrouver

Tu auras changé dans tes cicatrices de vie

Toi dans cet élément de bribes de passés, d’expériences tronquées

Moi j’aurai évolué avec les forces de la vie

Les forces de terre

Des quatre coins de la planète

Toujours en mouvement

Toujours au service de la vie

Je te l’avais dit : Nous nous retrouverons un jour

De ton regard triste à la croisée de chemin quand nous nous sommes séparés

De ton regard triste de ce jour où tu vis ta vie te demandant mais vers quel chemin ?

De ton regard et de mon regard bientôt renoués

Tu retrouveras ce qui est toi, ce qu’est ta force, ce qui te pousse à vivre encore et encore

Mon ami, enfin te voilà

Je prépare mon cœur à chaque instant

A ces retrouvailles, à ces joies enfin de nous reconnaître

L’oubli d’un instant n’est pas éternité

Qui de nous sera le plus heureux de ces retrouvailles ?

De la nouvelle vie qui coulera enfin dans tes veines

De la nouvelle opportunité du sens du partage partagé en ton cœur,

Enfin nous pourrons nous raconter nos vies

Autour de ce nid de bois

Fait d’un tapis de brumes et de bruyères

Viens mon ami,

Il est temps de nous asseoir et de nous conter.

Mitsi et Musca ©2021juin

Observer, c’est connaître

Musca allongé sur le balcon m’observe.

 » Que fais-tu de ta journée ? me dit-il,

« Je dois en faire quelque chose ? répondis-je,

« Oui, le fait d’observer est formateur. Le fait d’écouter est formateur. Pourquoi courir

après une science, tu as tout sous les yeux. Ai-je besoin d’aller loin pour connaître le

monde ? Pas vraiment, j’observe ici et au présent. Il est à tout à chacun de le

connaître pour reconnaître sa beauté et de connaitre sa propre beauté. »

Musca ©2020août

L’Unité

Un soir où je m’interrogeais sur mon « futur », Mitsi me répondit :

 » La vie est sans fin pour nous, pourquoi s’en faire ?

Tu cours après quoi ? Le temps ? Moi, je vois la vie, entre nous deux, entre nous trois.

Ce délice qui est le nous et non l’unité. Vis et expérimente, cela est ton chemin. Tu

réfléchiras plus tard. »

Mitsi ©2020juillet

Peur ou Inquiétude

Mitsi me demande : « As tu peur ? « 

Je la regarde surprise et lui réponds : » De quoi ? La peur fait partie de la vie, elle nous anime, nous maintient en vie, nous fait passer des étapes. Il y a une différence entre être inquiète et avoir peur. »

– Effectivement tu as raison, peur et inquiétude sont deux mondes différents, l’une est instantanée, l’autre perpétuelle, me précise-t-elle,

– Tu veux dire que l’une est plus « nocive » que l’autre ? 

– Bien sûr, tu comprends bien que l’inquiétude est une sensation qui peut s’installer de manière définitive, alors que la peur ne dure qu’un instant. Vous, les humains, vous avez bien des mots pour la formuler avec beaucoup de nuances, comme le trac, pétocher, sursauter, etc. tu comprends que c’est très court.

Alors que l’inquiétude peut engendrer un temps plus long. Là aussi vous avez des expressions bien à vous comme se ronger les sangs, se faire de la bile, et bien d’autres. Nous en tant qu’animaux, nous sommes admiratifs de votre langage et en même temps très étonnés.

– Ah bon ? Dis-je. Mais en quoi ?

Misti me regarde avec son air amusé et continue :  » Vous en avez perdu le sens. »

Je prends quelques secondes avant de répondre à Mitsi parce que je sens bien toute sa concentration sur moi : 

 – En fait la peur ouvre les sens pour celles et ceux qui savent les écouter. Tu contactes ton environnement proche et lointain et te ressens à travers tes sens.

L’inquiétude, c’est l’emprise du cerveau dominant sur ton cœur, ton corps et tes pensées, cerveau qui ne sait que tourner en boucle les informations. En situation stressante, pour lui, il n’y a pas d’issu. Si tu écoutes ton instinct, il te guidera et donnera un sens avant même que la réponse te soit donnée.

–  Alors as-tu peur ? Me redemande Mitsi pour lui répondre : « non ».

– Tu fais bien. Il ne sert à rien de devancer un temps sur lequel tu n’as aucune emprise, aucune expérience, aucun sens de ta vie. La vie est là pour t’apprendre seul ou en groupe, mais apprendre de toi ou des autres est toujours expérience, expérimentation. C’est tout simplement goûter la vie dans toute sa saveur. 

Oui tu fais bien, finit-elle par dire, avant de se mettre en médiation.

Mitsi et Musca ©2021avril

Suis qui tu es

Musca, mangeant sa « chasse » du soir, sent que je l’observe. Et il me dit :

– Cela te fait tout drôle de me voir manger ou de chasser ?

Je lui réponds :

– Musca, je sais que tu es un chat et chasser est dans ta nature.

Il se tourne vers moi et de son œil de velours, m’interroge :

– Je sais aussi que pour vous, les humains, cela est bizarre de nous voir chasser alors que nous avons plein de bonnes choses dans nos gamelles, comme vous dites. Mais sais-tu ce qu’est l’instinct ? Oui ?

Pour nous, il est primordial de le conserver. Nous sommes nés « chasseur » et nous restons chasseur. Pourquoi vouloir tout changer ? Vous avez bien changé des choses vous les humains, dans votre manière de faire, de penser, de manger, de voir ou de marcher, ce qui est assez amusant d’ailleurs ! Pensez-vous que nous n’avons pas un autre regard sur vous les humains ?

– Oui je le pense Musca. Cela vous parait bizarre ce que nous faisons suivant les modes, les envies et que sais-je encore, des expériences ? Bêtes ou intelligentes !

Musca me regarde pour ajouter :

– Il n’y a rien de bête ou d’intelligent. Cela c’est ce que croit un humain. En fait, il y a ce que la vie te demande de faire pour vivre ou survivre. Puis il y a ce que te demande ton cœur.

Mais si tu demandes de faire quelque chose qui va à l’encontre de ce qu’est l’être en face de toi, qui dit ton cœur ? Est-ce juste pour toi ? Est-ce juste pour lui ?

Tu dois te déterminer en fonction de tes choix à toi, de qui tu es dans ton cœur et non pas d’une idée ou d’un mouvement. Et puis il y a le bon sens qui est le choix le plus simple.

Mon bon sens me dit de chasser non pour un jeu mais parce que je suis chasseur. Alors je chasse et un petit encas supplémentaire est toujours agréable !

– Bien dis-je, je te laisse à ton plaisir

Et Musca de conclure :

– Fais ce qui est juste, mais faire n’est pas penser.

Musca ©2021mars